Lorsqu'on envisage de créer ou de reprendre une entreprise en étant demandeur d'emploi, une question cruciale se pose rapidement : quel système d'aide financière choisir ? En France, deux dispositifs principaux existent : l'ARCE (Aide à la Reprise et à la Création d'Entreprise) et l'ARE (Aide au Retour à l'Emploi). Comprendre leurs différences et leurs implications est essentiel pour faire le choix le plus adapté à votre situation. Mais attention à bien choisir. Voici comment vous y prendre, simplement et concrètement.
L'ARE
Qu'est-ce que l'ARE exactement ?
L'ARE (Allocation d'Aide au Retour à l'Emploi) ) est votre filet de sécurité financier pendant votre période de chômage. Concrètement, c'est :
- Une allocation mensuelle versée par France Travail (ex-Pôle Emploi)
- Un soutien financier calculé sur la base de vos anciens salaires (entre 57% et 75% de votre salaire brut moyen)
- Une aide temporaire dont la durée dépend de votre période de travail précédente (généralement 6 à 24 mois pour les moins de 53 ans)
Vous pouvez combiner ARE et création d'entreprise
Contrairement à ce que beaucoup pensent, vous n'êtes pas obligé de choisir entre toucher vos allocations et lancer votre projet :
- Le cumul sera désormais plafonné à 60% du reliquat des droits à l'allocation d'aide au retour à l'emploi.
- Le versement du complément d'allocations chômage cessera lorsque ce plafond de 60% sera atteint.
- Le demandeur d'emploi pourra bénéficier d'une reprise de son reliquat des droits restants de 40%, sous réserve que l'activité non salariée ait cessé ou après accord de l'Instance Paritaire Régionale
Comment fonctionne concrètement le cumul en 2025 ?
Pour simplifier votre gestion de trésorerie, France Travail a mis en place un système pratique :
- Vous recevez automatiquement 60% de votre ARE chaque mois
- C'est une avance qui vous assure un revenu stable et prévisible
- Ce système fonctionne ainsi jusqu'à ce que vous ayez consommé 60% de vos droits totaux
La règle des 60/40
Voici ce qui se passe après avoir utilisé 60% de vos droits :
- Pour accéder aux 40% restants, vous devez présenter un dossier à l'instance paritaire régionale
- Ce dossier doit démontrer la viabilité de votre projet et son avancement
- Cette étape nécessite une documentation précise de votre parcours entrepreneurial
Nouveauté 2025 :
Toutes les formes juridiques sont désormais soumises au même plafonnement de 60 % des droits à l'ARE. Source : https://www.unedic.org/la-reglementation/conventions-d-assurance-chomage/convention-du-15-novembre-2024-relative-a-l-assurance-chomage
L'ACRE pour les nouveaux entrepreneurs
L'Aide à la Reprise ou à la Création d'Entreprise (ARCE) est une aide financière destinée aux demandeurs d'emploi qui créent ou reprennent une entreprise. Elle permet de percevoir une partie des allocations chômage sous forme de capital.
Montant de l'ARCE :
Depuis le 1ᵉʳ juillet 2023, l'ARCE correspond à 60 % des droits restants à l'Allocation d'Aide au Retour à l'Emploi (ARE) au moment de la création ou de la reprise de l'entreprise.
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Conditions d'éligibilité :
Pour bénéficier de l'ARCE, il faut remplir les conditions suivantes :
- Être inscrit comme demandeur d'emploi et percevoir l'ARE.
- Avoir obtenu l'Aide aux Créateurs et Repreneurs d'Entreprise (ACRE), qui est une exonération partielle ou totale des charges sociales pendant un an.
Modalités de versement :
L'ARCE est versée en deux fois :
- 50 % lors du démarrage de l'activité.
- 50 % six mois plus tard, à condition que l'activité soit toujours en cours et que l'entrepreneur n'ait pas repris un emploi en CDI à temps plein.
Il est important de noter que l'option pour l'ARCE ne permet pas au créateur d'entreprise de valider des trimestres de retraite de base.
Quel système d'aide financière choisir entre l'ARE et ARCE ?
Chaque dispositif présente des atouts et des inconvénients. Le « meilleur » choix dépend essentiellement de votre profil, de la nature de votre projet et de vos priorités. Voici quelques cas de figure pour vous aider à vous situer :
Profil 1 : Besoin urgent de trésorerie pour lancer le projet
Vous avez absolument besoin d’argent au démarrage (par exemple pour acheter du matériel, constituer un stock, financer un site web, etc.). L’ARCE sera souvent plus adaptée, car elle vous apporte un capital immédiat. En touchant en une fois (ou deux fois à 6 mois d’intervalle) une somme significative, vous disposez de fonds propres pour investir sans emprunter. Avec l’ARE seule, vous n’auriez qu’une allocation mensuelle principalement pour subvenir à vos besoins personnels, pas de quoi injecter massivement dans l’entreprise. Attention toutefois à prévoir de quoi vivre sur la durée : l’ARCE reçue doit aussi être gérée prudemment, car vous n’aurez plus d’allocations chaque mois. Il peut être judicieux de réserver une partie de l’ARCE pour vos dépenses personnelles essentielles si vous n’avez pas d’autres revenus.Profil 2 : Projet risqué ou incertain
Votre projet d’entreprise comporte une forte incertitude, ou bien vous n’êtes pas sûr qu’il dégage un revenu suffisant rapidement. Dans ce cas, conserver l’ARE apparaît plus sécurisant. L’ARE vous garantit un filet de sécurité mensuel pour payer vos charges courantes (loyer, alimentation…) tant que votre entreprise ne vous fait pas vivre. Si le projet tourne mal ou prend beaucoup plus de temps que prévu à décoller, vous aurez toujours vos allocations pour tenir le coup. Au pire, si vous devez abandonner l’idée, vous n’aurez pas « sacrifié » une partie de vos droits pour rien : vous pourrez continuer à être indemnisé jusqu’à retrouver un autre emploi. À l’inverse, si vous aviez opté pour l’ARCE et que le projet échoue, vous auriez consommé une grosse part de vos droits d’un coup et vous devriez vous réinscrire, avec potentiellement un délai sans revenu. Pour un projet risqué, l’ARE offre donc une meilleure protection contre l’échec. C’est un choix plus prudent, qui limite la casse en cas de coup dur.Profil 3 : Entrepreneur prudent et “step by step”
Vous souhaitez tester votre activité progressivement, sans engager toutes vos ressources d’un coup. Là encore, l’ARE maintenue est souvent la stratégie privilégiée. Elle vous permet de tester votre modèle économique à moindre risque, d’ajuster votre offre, de prospecter vos premiers clients, tout en ayant de quoi vivre grâce au chômage. Un entrepreneur prudent appréciera de conserver son allocation aussi longtemps que possible (dans la limite des 60 % désormais) et de n’investir que ce qu’il gagne petit à petit. De plus, rester inscrit à Pôle emploi peut donner accès à des formations ou ateliers de création d’entreprise, et on garde le statut de chômeur créateur qui peut être rassurant tant que l’activité n’est pas confirmée. Ce profil préfèrera sans doute renoncer au coup de pouce immédiat de l’ARCE pour ne pas griller ses vaisseaux trop tôt. Par exemple, si votre entreprise met 1 an à réellement décoller, l’ARE pourra combler cette première année sans revenu suffisant. Un entrepreneur prudent misera sur la sécurité et la flexibilité.Profil 4 : Projet à fort besoin d’investissement et créateur confiant
Vous avez un projet ambitieux qui nécessite un financement important dès le départ (lancement d’un produit innovant, ouverture d’un local, frais de franchise, etc.), et vous êtes confiant dans sa réussite. Dans ce scénario, l’ARCE peut être un levier financier déterminant. En mobilisant 60 % de vos droits chômage tout de suite, vous augmentez votre apport personnel et pouvez convaincre d’autres financeurs (banque, investisseurs) de vous suivre. L’ARCE peut servir de capital de démarrage pour débloquer un prêt ou réaliser des investissements que vous n’auriez pas pu faire en temps normal. Si vous avez la conviction que votre entreprise générera rapidement des revenus, renoncer à la “cagnotte” restante de 40 % d’allocations peut vous sembler un sacrifice acceptable. De plus, certains créateurs très confiants préfèrent tourner la page du chômage et se lancer à 100 % dans l’aventure entrepreneuriale : psychologiquement, toucher un capital symbolise le début d’une nouvelle vie, sans devoir s’actualiser chaque mois comme demandeur d’emploi. Ce profil dynamique exploitera l’ARCE comme un coup d’accélérateur, quitte à perdre la sécurité de l’ARE qu’il juge de toute façon moins utile. Bien sûr, cela reste un pari : mieux vaut être sûr de son coup ou avoir une solution de repli en cas d’échec. Votre situation familiale, financière ou votre horizon de carrière peut également influer. Par exemple, si vous avez.
Attention : n'espérez pas toucher 100% des aides
Le choix entre l’ARCE et le maintien de l’ARE reste stratégique pour tout créateur d’entreprise. Chaque dispositif a ses avantages : l’ARCE apporte un capital de départ, l’ARE garantit une sécurité mensuelle et une continuité sociale. Toutefois, la réforme entrée en vigueur en 2025 change profondément la donne.
Désormais, il faut partir du principe que vous ne percevrez que 60 % de vos droits ARE pendant votre période de création d’entreprise. Que vous choisissiez l’ARCE (versement direct de 60 %) ou l’ARE (versement progressif jusqu’à 60 %), l'accès aux 40 % restants est devenu très difficile, voire inaccessible dans la plupart des cas. Leur versement est conditionné à l’absence totale de revenus d’activité, à une décision favorable d'une instance paritaire, et à des démarches administratives contraignantes.
Autrement dit, en 2025, il ne faut plus compter sur la totalité de vos droits au chômage pour financer la transition vers l’entrepreneuriat. Il est donc essentiel d’anticiper cette limite dans votre plan de financement, votre budget personnel et votre stratégie de lancement.
👉 Pensez désormais votre projet avec une base de 60 % de vos droits ARE comme unique certitude. Ce réalisme vous permettra de choisir le dispositif le plus adapté à votre situation, tout en sécurisant votre trajectoire entrepreneuriale.
Créer son entreprise tout en bénéficiant des allocations chômage en 2025